Axes de recherche

Les recherches sur l’actualité de la critique, en théorie de la société, en sociologie et sur la critique du social en France et en Allemagne sont structurées selon trois projets.


1/ Étude historique du concept de critique dans les traditions française et allemande

Responsables: Isabelle AUBERT, Gérard RAULET

Objectif : mener des études croisées sur le concept de critique en histoire des idées.

Ce premier projet se donne pour tâche de comprendre dans quels contextes la philosophie sociale fait de la normativité du social un enjeu pour la critique de la société. Nourri des recherches menées par le Groupe Weimar autour de Gérard Raulet, et des études historiques sur la théorie critique et la normativité engagées à l’Institut de Recherche Sociale, il examine :

  • a) les différents contextes théoriques et sociaux dans lesquels la théorie sociale et politique a ressenti le besoin de recourir au concept de critique ainsi que les contextes où elle a abandonné ce même concept ;
  • b) les variations de signification des concepts de critique, notamment autour de la question de savoir d’où émane la critique (de l’acteur ou de la théorie).
Grâce à ces deux axes, le projet I contribue à établir une généalogie du concept de critique et permet de mettre au jour des ruptures ainsi que des continuités dans l’emploi du concept. L’aspect historique de ce pôle amène à découvrir des constellations à la fois théoriques et sociales qui favorisent le recours à un certain concept de critique et signale des voies pour élucider les mécompréhensions mutuelles ayant structuré la plus grande partie des échanges intellectuels entre la théorie critique francfortoise et les théories critiques française.


2/ Les présupposés méthodologiques et ontologiques des concepts de société et de critique

Responsables: Julia CHRIST, Axel HONNETH

Objectif : Etude systématique des contours conceptuels de la « critique » (a) et de l’objet « société » (b).

Cet axe bénéficie des travaux engagés à l’Institut de Recherche Sociale autour d’Axel Honneth ainsi que des productions françaises sur l’Ecole de Francfort (Renault, Fischbach, Haber…) ou sur le concept de société (Boltanski, Karsenti).

  • a) Le volet sur la critique suit la ligne de partage qui oppose les conceptions de la critique. Pour certaines, la possibilité de la critique dépend de la théorie qui conçoit le social, pour d’autres, la critique émerge du social lui-même – des acteurs – et la théorie en est le réceptacle. Sont examinés :
    • les différents présupposés méthodologiques qui sous-tendent le concept de critique, mais aussi l’interdisciplinarité entre la théorie philosophique et les sciences empiriques l’informant sur la réalité sociale ;
    • les implications d’ordre ontologique que véhiculent les différents concepts de « critique immanente » ;
    • les supports métaphysiques de la critique : la prétention à l’immanence des théories critiques est mise ici à l’épreuve à travers l’étude de leurs présupposés métaphysiques.
  • b) La recherche sur le concept de société s’occupe de deux problématiques :
    • On fait état des différentes possibilités de concevoir l’entité du « social », et on examine également la validité des arguments avancés en les confrontant à des théories du social émanant des sciences particulières, comme la sociologie et la psychanalyse.
    • On se demande quel est le degré d’intentionnalité que les différentes théories accordent au social, et la part qui relève des acteurs dans cette vue du social (agents déterminés versus acteurs véritables).


3/ L’actualité de la critique et ses enjeux politiques : théorie critique, luttes sociales, transformations de la société

Responsables: Catherine COLLIOT-THELENE, Katia GENEL

Objectif : Mesurer l’apport de la théorie de la société ou de la philosophie sociale sur des questions relevant de la philosophie politique « classique ».

A la suite des travaux sur la critique du social et en philosophie politique effectués par les chercheurs de cette équipe (Colliot-Thèlène, Balibar, Jaeggi, Saar…), ce projet interroge les tensions qui existent entre la philosophie sociale et la philosophie politique lorsqu’il s’agit d’articuler la critique à la réalité sociale et de définir l’ancrage de la critique.
Les portées respectives de la philosophie sociale et de la philosophie politique sont appréciées par rapport à la question de la critique. Si les approches en termes de philosophie politique ont souvent oublié la dimension sociale des problèmes politiques, une approche qui reconstruit la normativité du social ne risque-t-elle pas de manquer certains enjeux strictement politiques ou juridiques de la théorie de la société ?
Eu égard à la philosophie sociale, l’éclairage issu de la comparaison avec la philosophie politique amène deux voies de réflexion. On examine, d’un côté, dans quelle mesure la philosophie sociale, en proposant une conception des sujets, de leur intégrité et même souvent de leur identité, élargit le questionnement de la philosophie politique. De l’autre, on s’occupe de savoir si la perspective de philosophie sociale n’a pas tendance, et si oui de quelles manières, à masquer certains enjeux politiques et juridiques.
La voie d’une telle confrontation trouve un point de départ dans le débat engagé à l’Institut en Recherche Sociale de Francfort entre la philosophie sociale (Honneth) et le questionnement politique sur la démocratie et l’égalité (Rancière, Balibar).